LA MAIN DANS LE SAC

Les bras m’en tombent ! Un professeur d’un lycée d'Alès (Gard) est soupçonné d’avoir volé de l’argent dans le portefeuille de ses élèves pendant les récréations. C’est une caméra cachée qui a levé le mystère des disparitions intempestives dans les sacs et les cartables. L'enseignant  a été placé en garde à vue et suspendu de ses fonctions. Sans vouloir m’immiscer dans la machine judiciaire, je pense que l’emprisonnement ne serait pas la bonne solution. Peut-être serait-il préférable de lui faire copier dix mille fois : « Je ne dois pas barboter les affaires de mes jeunes élèves. » Les bras m’en tombent mais pas si bas que cela car en écrivant ces lignes, il me revient comme une vague réminiscence de mes années à l’école primaire. En classe de CE1, j’avais pour institutrice Madame Malandin. Nous avions l’habitude le matin avant huit heures de poser notre cartable en classe et de ressortir avant que la cloche ne sonne. Quand l’heure de la récré arrivait, combien de fois je me suis trouvé bête en ne retrouvant pas le beignet aux pommes ou le pain au lait que Maman m’avait placé religieusement dans une des poches de mon cartable. Mes premiers soupçons allaient bien sûr vers mes camarades de classe mais jamais je n’en ai surpris un, le forfait à la bouche. J’ai très vite pensé que Madame Malandin s’en régalait pendant que nous jouions dans la cour. Combien de fois, en portant mon cahier à corriger, j’ai constaté la présence de miettes sur son bureau. Je ne me suis jamais plaint et n’en ai jamais parlé à ma mère. Qu’aurait-elle pu y faire d’ailleurs ? A cette époque, l’Ecole était un sanctuaire et l’enseignant inabordable. L’année d’après, au CE2, il ne m’est jamais arrivé pareille mésaventure. Madame Montmayeur était une femme douce et dévouée corps et âme à ses petits élèves et j’ai passé avec elle ma meilleure année d’écolier. Puis j’ai retrouvé Madame Malandin au CM1 . Sans doute avait-elle voulu rompre la monotonie en changeant de niveau. Les vols ont recommencé dès le début de l’année scolaire et se sont étendus jusqu’aux billes et petits soldats que nous amenions à l’école pour jouer entre nous. Madame Malandin avait un fils dans l’école qui était dans la classe d’en dessous et sans doute était-il l’heureux bénéficiaire de ces nouvelles rapines. Quant au goûter, j’ai cessé d’en apporter et ne m’en suis pas plus mal trouvé. Je me demande si Madame Malandin est encore de ce monde. Elle serait peut-être nonagénaire aujourd’hui et après toutes ces années, je m’interroge s’il y a prescription de ses crimes.