NÉCESSITÉ FAIT LOI

Il faudrait que…. on aurait qu’à….. ce serait bien si……….Dix mille fois j’ai dû émettre ces souhaits stériles sans bouger mon cul de la chaise. D’autres que  moi dans cette société malsaine n’hésitent pas à passer du fantasme à l’acte et je veux de manière officielle leur décerner ma médaille  toute personnelle. Pas celle de la légion d’honneur bien sûr, donnée tout récemment aux chanteurs Barbelivien, Vartan et autres zouaves, mais une médaille toute virtuelle , celle qui honore ceux d’entre nous qui n’ont pas encore vendu leur âme et n’ont pas baissé les bras. Je veux parler de cette escouade de précaires, de mal nourris, de chômeurs, de laissés pour compte accompagnés par des bénévoles mieux lotis qui ont fait une virée mercredi dernier au Monoprix de la rue du Faubourg Saint Antoine pour y remplir leur chariot gratos et le partager ensuite avec les camarades de misère. Quelques heures avant le rituel de la grande bouffe, ils n’ont pas lésiné sur la denrée en remplissant les caddies de foie gras, de saumon, de champagne mais aussi, puisqu’il faut bien subsister, de produits de première nécessité tels que pâtes, riz, patates, huile et autres. Rien de caché sous la chemise, mesdames et messieurs, mais face à cinquante chariots qui se présentent ostensiblement à la caisse et avec détermination, les chiens de garde font profil bas et on hésite à appeler la police. Forcément ! Mettez vous à la place du gérant du magasin ! En vue du réveillon du soir, le magasin est bourré à craquer et le chiffre d’affaire s’annonce rondelet. Crier au secours aurait-été un suicide commercial ! Les responsables ont donc laissé filer pour cette fois mais jurant qu’on ne les reprendrait plus. Une plainte a toutefois été déposée car il ne faudrait tout de même pas que ce type d expédition fasse trop d’émules . Et puis on finirait par s’inquiéter en haut lieu. Et s’il s’instaurait une jurisprudence fondée sur l’état de nécessité permettant aux démunis de se servir pour subsister ? Dans les années 70 en Italie, cette pratique avait pris la forme de mouvements de masse où les abonnés à l'électricité refusaient de payer leur facture pour obtenir les mêmes ristournes accordées à l'industrie. Dommage qu’en France nous n’ayons pas su le faire récemment pour le racket de  l’essence et aujourd’hui celui du gaz . Pour la petite histoire, il paraît que le président  Sarkozy a annoncé une année 2009 difficile. Mais a-t-il précisé pour qui ?