DEMAIN SERA COMME D'HABITUDE

Anita : Allez, Mimille, faut qu’on s’y colle ! Ça fait maintenant une semaine que ces terribles évènements ont eu lieu et on n’a pas encore moufté ! Qui ne dit rien consent dit-on, même si je m’insurge contre cet adage.

Camomille : C’est vrai ! La presse internationale et celle d’ici se sont étonnées de notre silence, mais chez nous, la prise de recul a toujours prévalu face à la précipitation.

A : De toute façon, on ne va pas refaire l’historique et pas davantage jouer les pleureuses. Pelloux l’a fait pour tout un peuple jusqu’à faire déborder la Seine. Et je ne me moque pas Nini ! Un homme qui pleure montre son âme et c’est plutôt rassurant.

C : Parlons de la marche du siècle, celle qui a réuni toute la planète ou presque. On nous parle d’union nationale et on nous dit que désormais rien ne sera plus comme avant.

A : Compte là-dessus ma nièce ! Laissons les morts enterrer les morts et ensuite, on verra. C’est pas que je veuille pisser dans le tabernacle mais tu verras bien vite que les vautours vont regagner leur perchoir.

C : C’est vrai qu’à ce sujet, j’en ai entendu une bien bonne qui veut tout dire à ce sujet. Un type de l’UMP, un dénommé Goasguen je crois. Il était interrogé sur France Info et le gars de service lui fait cette remarque : « Dites, il a été plutôt très bon François Hollande sur sa manière de gérer ces évènements. Et le gugusse de répondre : Très bon, non, mais bon, oui ! Faut pas oublier que j’ai une tare, c’est celle d’être dans la politique. » Et bien, cette réponse franche vaut à elle seule toutes les explications du monde, et c’est la 1ère fois qu’un Mal Pondu me fait marrer.

A : Ouais, et les Mal Pondus qui sont pris au piège du « Tous derrière et lui devant » ne savent plus comment exister. Si ce n’était pas blasphème, on pourrait même dire à ces enfoirés de jihadistes : « Merci pour ce moment ! »

C : C’est quand même à celui qui sortira la bonne idée pour lutter contre les extrémistes du fondement. Les fondamentalistes, voulais-je dire, ou les sodomisés, si tu préfères, pour rester polie.

A : Il en est même qui voudraient que nous reprenions à notre compte le Patriot Act, cher aux Américains, celui qui permet en cas de terrorisme de s’asseoir sur la législation. Des lois d’exception en quelque sorte.

C : Moi qui n’aie rien à me reprocher, tout comme toi je suppose, je serais assez pour. Y-a pas à tortiller du croupion devant un article un alinéa ou un verset quand on traite avec des pourrisseurs de vie. Mais vois-tu, les lois d’exception, elles finissent par s’appliquer à tous, qu’on ait le cloaque merdeux ou non. On connaît ton carnet de rendez-vous, on sait si tu vas à confesse, on lit tes mails, on sait à quelle heure tu fais tes filets d’eau, et on n’ignore rien sur tes fantasmes. Jamais les politiques ne laisseraient passer ce Patriot Act, ils se feraient hara-kiri.

A : Le mieux, ce serait bien sûr, d’arriver dans les tanières des terroristes avant que la messe soit dite. Regarde les Belges, ce qu’ils ont fait hier. Ils arrivent et ils tirent dans le tas. Faut prévenir avant de guérir ! Chez nous malheureusement, on est arrivé après la bataille. A moins de faire appel à ces gugusses de cette nouvelle série télévisée qui fait fureur, Person of interest, où tu connais la veille le délit  qui va se commettre le lendemain. C'est un ordinateur qui te sort l'affaire en deux coups de cuillère à pot. Le flic interpelle le malfrat qui demande ce qu'il a fait et qui se voit répondre de ne pas chercher car il allait le faire plus tard. 

C : Ce serait l'idéal, mais attention Nini ! Nous avons parmi nos lectrices et lecteurs, de braves gens sympas qui s’ils ont un faciès à risque n’en sont pas moins des femmes et des hommes respectables et de bonne volonté. Je t’entends dire de tirer dans le tas, et ça mérite de la clarification.

A : C’est sûr Mimille, c’est sûr ! C’est pas marqué Zemmour sur mon bec ! On ne va tout de même pas aller tirer sur les bouchers Boudoudou qui tiennent leur étal à tous les coins de rue de Grenoble et d’ailleurs. Où est-ce que le clampin du tout-venant irait se fournir en côtelettes d’agneau ? Pas plus qu’on va aller dézinguer Farid qui tient son épicerie jusqu’à 11 h le soir et qui peut te dépanner pour un pot d’olives ou un paquet de merguez. Quand je dis de tirer dans le tas, c’est celui de ceux qui sont allés faire leur catéchisme dans des contrées pas très catholiques et qui sont armés jusqu’aux dents de sagesse.

C : Tu me rassures ! Comme chantait Haricot, si je me souviens bien : « ♫ Portions de vache qui rit et les tartines de beurre, vous avez toujours fait notre bonheur !" Et dois-je préciser qu’il y aussi du blanchounet qui part se radicaliser chez les borgnes barbus en jupe. Le terrorisme n’a pas de couleur, il a seulement une sale odeur. Tu peux la noter celle-là dans ton carnet de citations.

A : C’est enregistré sur mon mémo vocal ! Pas mal ta chanson d’Enrico. Bizarre qu’on l’ait pas entendu celui-là, pour nous lire son épitre selon St Loukhoum. Y doit être occupé à d’autres saintes tâches, comme celle de récupérer son fric que la banque lui a soit disant chouravé. Ce serait bien de reprendre nos petites ritournelles qu’on se faisait avant dans nos tribunes, mais revenons à cette marche parisienne qui a battu en affluence toutes les marches réunies des catholiques hystériques et apostoliques. Toi qui n’es affiliée à aucun parti, comment as-tu trouvé notre Françounet ?

C : Au top, que je l’ai trouvé ! Bien dans le costume, le ton qu’il fallait et je trouve qu’il se mitterrandise de jour en jour. Faut qu’il travaille les graves dans sa voix. Toi, je ne te demande pas, inconditionnelle que tu es !

A : Excellent ! A en donner des boutons de fièvre à Paul Bismuth et à Méchant Con ! Et puis quelle allure sur le porte-avions du Grand Charles, les cheveux dans la houle du large et la cravate battant pavillon. Un vrai commandant en chef ! Quel est le crétin qui avait parlé de capitaine de pédalo et quels sont les ringards qui l’appellent encore Flamby ?

C : Et vas-y qu’il t’embrasse tout le monde au défilé, même les joues sinistres de l’Israélien Annaëlle Yakamiaou. Mais le clou du clou, c’est quand Angela se love au creux de son épaule. Un remake d’Autant en emporte le vent ; y manquait que la musique !

A : Y-a tout de même eu ce pigeon qui lui a lâché cette fiente sur la manche du costume. Salopiote de bestiole ! Mais ça ne fait rien ! Ce sont de petits détails qui font de cet homme quelqu’un d’humain. Si par malheur en 2017, ce bon peuple de France, amnésique qu’il est nous ramène Paul Bismuth sur un plateau, on pourra se rendre compte de la différence.

C : Mais parlons z-en justement de Paul Bismuth, le joueur de flûte ou de pipeau, c’est selon ! En bon spécialiste de la pédale qu’il est, il a très bien su remonter le peloton dimanche dernier. Quel talent ! Celui-là, je veux bien le lui reconnaître. Tu le mets aux cuisines pour éplucher les patates à 7 h et il il se retrouve à ouvrir le bal à 8 h. Et Clara des Burnes, son tuyau de cheminée ! Tu l’as vue sur le perron de l’Elysée et sur le bitume parisien baisser la tête et rentrer intempestivement son menton dans le col roulé de son pull ?

A : Ouais ! Un peu comme une collégienne à la récréation voulant cacher son acné à ses copines. Thierry, un de nos amis lecteurs disait dans un récent commentaire qu’elle semblait par ce geste vouloir se cacher, et il n’a pas tort du tout.

C : Oui et pour le conforter dans ce diagnostic, le professeur Svétanovich, notre consultant dans le domaine psychiatrique et lecteur du comportement gestuel nous disait qu’il fallait voir dans cette posture un sentiment de culpabilité, la prise de conscience d’une irrémédiable erreur commise et la difficulté à la vivre, la conduisant ainsi  à un mal être très profond. D’où ses déclarations dans la presse faites à tort et à travers, des balbutiements et des gesticulations désordonnées pouvant conduire à la danse de saint guy.

A :  Elle est bien mal barrée Clara des Burnes ! Ça provient indubitablement de son proche entourage. C’est comme pour les aphones, faut d’abord soigner les sourds qui les entourent. Et à part ça, Mme la Marquise ? Qu’est ce qui meuble notre actualité ?

C : Ben, à part ça, c’est vache maigre ! Charlie s’est tapé le biberon à lui tout seul ! On l’a lu en ligne nous autres dans notre gourbi. A-t-on déjà vu des Platycercidées aller acheter le journal chez le buraliste !? Non, la patronne, nous l’a chargé à l’écran, et c’est pas piqué des vers. Y- des acheteurs qui risquent d’en être sur le cul !

A : Ouais ! Il y a dans les dessins un espèce de défoulement jubilant qui risque de heurter quelques âmes sensibles, celles qui ne connaissaient pas la teneur de ce papier mais qui voulaient faire un geste symbolique pour la survie de la presse satirique.

C : Si ce papier arrive dans les mains vierges et innocentes des religieuses chez qui on était il y a deux mois de ça, ça va craindre l’apoplexie. Faire dire entre autres horreurs à Sœur Emmanuelle qu’elle est lasse de la masturbation terrestre et qu’elle va aller sucer des queues au paradis, c’est ne pas y aller avec le dos de la cuillère. Un peu comme si les scribes avaient voulu dans la dérision rétablir un équilibre inter-religieux, ou au cul monique, plus exactement. Moi, je dois avouer que j’ai du mal. Jamais on se permettrait ici de tels écarts de langage et  Gilren nous aurait déjà donné son préavis. Faut tout de même que les enfants puissent nous lire accidentellement, bordel de cul de canard.

A : Ouais ! Ça risque de tiquer aux entournures. Si aujourd’hui on se dispute ce journal jusqu’à la pénurie, pour le prochain numéro, la clientèle se fera sûrement plus rare. Ne se décrète pas lecteur de Charlie qui veut ! Amis de la poésie bonsoir !