LE TROP PLEIN ET LE PEU DU RIEN

Le magazine Forbes vient de mettre à jour son hit-parade annuel des milliardaires et c’est encore et encore Bill Gates qui tient le pompon avec son jouet Microsoft lui attribuant 79, 2 milliards de dollars. On trouve la 1ère française à la 10 ème place en la personne de Lilianne Bettencourt avec seulement 40, 1 milliards. Une misère ! Si seulement elle n’avait pas distribué une partie de son fric sous la table de son salon de Neuilly à tous les pique-assiettes en visite, elle serait mieux placée au classement général. Cela dit, quand on dépasse un certain niveau de fortune, ce ne doit pas être évident de juger de sa richesse et bien moins encore d’apprécier celle des autres à sa juste valeur. Le trop tue le trop, et le beaucoup a du mal à se distinguer du gigantesque. Pas question donc avec un tel étalage de faire baver les pauvres, mais c’est justement par rapport à ces derniers qu’un classement serait autrement intéressant. Distinguer les gueux des miséreux, des gens raides ou fauchés, des modestes, des indigents et de ceux qui en chient. Dans toute cette cohorte de gens de peu ou de rien du tout, il est bien plus aisé de distinguer les plus démunis parmi celles et ceux qui sont en manque, et l’envie, voire la convoitise sont beaucoup plus ressenties que chez les fortunés. Le toit de poulailler plus imperméable que le carton du voisin, le nombre d’incisives qui manquent à l’appel et tout un tas de paramètres capables de désigner les plus pauvres parmi les pauvres. En voilà donc un classement Mr Forbes qui en aurait de la gueule ! On passerait ça en prime time à la télé chaque année comme pour la remise des lascars : « Cette année, Mesdames et Messieurs, le gagnant des pauvres est … » On ferait présenter le spectacle par un type très fortuné pour ne pas prendre le risque d’un délit d’influence ou de connivence. Mais, braves lecteurs qui avez eu la patience de me lire jusque-là, vous allez me dire qu’après l’écrémage des éliminatoires, tout un tas de salauds de pauvres vont se retrouver sur scène, à égalité de pauvreté qu’ils seront, et qu’il ne sera pas aisé de remettre le trophée. Mais si ! On ne gardera que celles et ceux à qui il ne reste que les yeux pour pleurer et on fera descendre les autres d’un coup de bâton. Et je vous entends encore dire, polémistes que vous êtes qu’il y en aura encore toute une chiée avec juste les yeux pour pleurer. Et bien soit ! On gardera au final celle ou celui à qui il ne reste qu’un œil, et s’il y a égalité encore, c’est l’œil qui n’aura même plus la force de pleurer qui l’emportera. Ce serait bien le diable qu’on ait encore de l’embouteillage !