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Blog AMERTUME
26 février 2018

TOMBER EN L’AIR, C’EST PAS RIEN !

cern

C’est vrai que j’avais promis de revenir sur mon séjour au CERN en Suisse, invité que j’étais en tant que candide, mais j’ai lambiné du clavier jusque- là, tant la tâche était difficile. Moi qui n’ai jamais été féru de combinaisons, d’équations,  de formules, d’algorithmes et me retrouver parmi ces génies de la physique, c’était tellement surréaliste que je me demandais si j’étais dans le réel ou dans le néant. J’ai fait le désespoir de mes professeurs de mathématiques, ce qui a très vite engendré de leur part un fort mépris à mon égard, mépris que je leur ai bien rendu d’ailleurs, car j’ai toujours boudé les hiéroglyphes dont ils emplâtraient le tableau, allant même jusqu’ à instaurer à l’heure du cours de maths la pause casse-croûte. Gavet, mon voisin de classe y pourvoyait le plus souvent avec le saucisson et la pizza. Et puis, jouissance extrême, j’ai fini par obtenir mon bac avec 2/80 en maths.  La revanche du nullard de fond de classe mais sachant se sauver les fesses dans le domaine de la jactance. Matières, ai-je dit, et bien parlons-en de la matière, puisque j’étais au CERN pour cela : comprendre la matière, et l’antimatière, et surtout, partir à la recherche de l’antimonde. Combien de fois, enfant, ai-je demandé à mon père, d’où on venait, où on allait, pourquoi on y était avant qu’on n’y soit plus, et autant de fois il me répondait de laisser tomber car ce type de débat lui collait mal à la tête. Si j’avais été plus avisé en ce temps- là, je lui aurais bien rétorqué qu’en laissant tomber, ça risquait de partir vers le haut et non vers le bas, et là, il aurait trouvé la situation désespérée. Et pourtant ! Si j’ai un tant soit peu compris un centième des conclusions de mes hôtes savants, ils prétendaient bien que l’antimatière pouvait très bien tomber vers le haut. Quand j’ai pénétré dans l’usine, je me suis trouvé devant un salmigondis composé de béton, d’acier, de cuivre, d’aluminium, de bidons d’hélium, de fils électriques et autres bricoles, et d’emblée, Jeffrey, une des têtes pensantes m’a annoncé : « Je te présente la matière ! - Enchanté, ai-je répondu ! » Tout autour de ce bric à brac, il y avait un anneau de 180 m de périmètre protégé par d’énormes blocs de béton formant une espèce de tunnel d’une hauteur approximative de 1, 60 m. Jeffrey m’a précisé qu’à l’intérieur de cet anneau, des antiprotons y circulaient dans un tube guidé par des champs électromagnétiques créés par des aimants, des électrodes et des bobines de fils pouvant les freiner ou les accélérer. J’ai acquiescé du bonnet, comme on le fait souvent par politesse plutôt qu’avouer que j’étais déjà complètement largué. Christian, qui se tenait derrière Jeffrey en a rajouté une couche, disant que l’endroit était le seul à produire des antiprotons ralentis à près de 10% de la vitesse de la lumière, nécessaires pour leurs expériences. Et l’une des rares infos que j’ai retenues avec celle du fonctionnement de la machine à café, c’est qu’il faut 400 000 protons percutant une cible d’iridium pour fabriquer un seul antiproton. Notez le cher lecteur, c’est le type de savoir qui fait toujours de l’effet à un auditoire, même si on n’en a rien à battre. En tout cas, c’est bien moins ringard que d’aller sortir la date de la bataille de Marignan. Mais rassurez-vous chère lectrice (il y a tout de même de la gent féminine qui me lit), je ne vais pas vous conter par le menu tout ce que j’ai entendu pendant la journée, tant le cours de physique dépassait ma capacité d’assimilation. Oui, je n’y ai passé qu’une journée au CERN, évidemment et non les 15 jours que j’annonçais dans  mon billet concernant les « Fake gnouzes ». Je n’en ai retenu que des bribes où une dizaine de millions d’antiprotons déboulent dans un bol d’antihydrogène, et  où quelques antiprotons capturent un antiélectron en orbite. Par contre, le souvenir vivace que j’ai gardé, c’est celui de la salle de convivialité avec sa machine à café. Comme un seul homme, sur le coup des 10 heures, je me suis porté volontaire pour aller préparer le breuvage. Mais n’allez pas croire que tout était terminé pour moi et que ma visite se terminait de manière stérile, car Chloé, une chercheuse très sympa de l’équipe m’a rejoint dans la pièce avec un petit assortiment de gâteaux secs. Je me disais que si je me trouvais dans une telle équipe de chercheurs avec une fille dégageant autant de charme et de générosité d’âme, ma crainte aurait été qu’on trouve tout de suite le pot aux roses et qu’il en soit terminé de la recherche, et du même coup de sa présence. Le vrai débat, mes chers lecteurs, je l’ai eu avec Chloé ! C’est avec la question fondamentale du « Pourquoi on existe » qu’on s’est sustenté, avant que ses collègues nous rejoignent. Et c’est pour cela que je me trouvais là, en fait. Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? La physique a viré à la métaphysique. Elle m’a expliqué qu’au commencement de l’Univers, il y a 14 milliards d’années, autant de particules et d’antiparticules ont été créées. En théorie, il n’y avait aucune raison que les autres soient plus abondantes que les autres. Mais, m’a-t-elle dit, si nous sommes là tous les deux aujourd’hui pour en parler, c’est que la matière a pris le pas sur l’antimatière. Et pas de beaucoup ! Un rapport de 1 milliard pour la première et 999 999 999 pour la seconde. A une unité près, chers amis, c’est le « Rien » qui l’emportait. Hallucinant ! Quand je dis le « Rien », vous l’avez compris, il s’agit de l’antimatière, terme plus approprié pour la maison. Et Chloé a embrayé sur l’une de leurs expériences en cours, à savoir si l’antimatière ne tomberait pas vers le haut. Jeffrey m’en dirait davantage à ce sujet me disait-elle, et vous pensez bien que j’avais déjà mon compte et il était hors de question que je le relance. J’étais pourtant perplexe et je me disais que le passage de la matière à l’antimatière aurait très pu se produire ce jour- là au cours de ma visite après un big-bang de feu du diable. Vous imaginez la situation ?! Moi arrivant là tout en n’étant pas grand-chose et me retrouvant rien du tout ! De l’antimatière, pour tout dire ! Et je me demandais tout haut devant Chloé si on n’y aurait pas gagné au change si le néant ou l’antimatière l’avait emporté. Parce qu’il n’y a guère d’arguments pour soutenir que la matière vaut son pesant d’or en ce monde et pour prétendre qu’elle engendre paix, luxe, calme et volupté. Et puis, lui disais-je qu’après avoir créé le « Rien », il faudrait bien que l’équipe de chercheurs l’évalue ce « Rien », qu’elle en extirpe la substantifique moelle, et ce n’était pas rien d’aller faire connaître aux non- initiés le résultat de leurs recherches. « Mesdames et messieurs, nous avons l’immense plaisir de vous montrer notre découverte du «Rien » et si vous n’y voyez rien, approchez- vous davantage ! »En les quittant le soir, j’avais un peu comme une espèce de tournis, et je rentrais à la maison toujours dans l’ignorance du pourquoi et du devenir de notre présence sur cette planète, mais  avec la conviction qu’avec le «Rien» on avait forcément quelque chose. Alors, chers amis, n'allez pas susurrer cela aux décideurs qui nous gouvernent car ils auront la réponse toute trouvée pour celles et ceux qui protestent et qui contestent, prétendant qu'ils n'ont rien, et le plus fûté d'entre eux est bien fichu d'aller nous jeter à la face qu'on n' a rien sans rien !

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