LA POUPÉE QUI DIT OUI

David Levy, expert en intelligence artificielle est l'auteur du livre Sex with Robots. Selon lui, l'évolution des techniques permettra bientôt de rendre ces machines presque identiques à un véritable être humain.On pourrait alors créer des "sex-robots", entièrement voués à satisfaire le plaisir de leur partenaire humain.  Il soutient que ces androïdes seraient tout particulièrement utiles aux personnes laides ou isolées qui ont du mal à trouver l'amour.

Levy semble découvrir l’eau chaude et la pince à linge et tient des affirmations qui ne relèvent que de lui. D’abord, c’est une idée reçue de croire que les personnes laides sont forcément laissées pour des denrées négligeables . L’actualité des stars de ce monde nous a prouvé le contraire récemment et chacun finit toujours par trouver chaussure à son pied . Doit-on rappeler que tout bon rapport amoureux  repose en premier lieu sur le « tactile ». On peut craindre que la matière de  l’androïde se révèle froide et puisse  geler d’entrée le rapport amoureux et le compromettre définitivement . En outre, la programmation du robot s’avère encore délicate. Si  l'information tridimensionnelle apportée par le capteur permet d'extraire des informations sur la géométrie du terrain, elle ne permet pas toujours d'obtenir une description suffisante de l'environnement . Il demeure aussi un risque qui n’est pas mince, c’est celui de l’erreur humaine dans la programmation sexuée désirée . Un homme tenté au départ par l’autre sexe pourra sortir fort traumatisé d’un tel rapport artificiel s’il s’est malencontreusement trompé dans le paramétrage initial avec le robot bi fonctionnel . Vous me direz qu’un couple peut toujours acquérir deux robots sexués différemment car ce serait une hérésie que seul l’homme ou la femme en ait l’exclusivité.  Enfin il est un autre problème au niveau du son . Si le robot excelle parfois dans sa mobilité, il est bien moins performant au niveau de sa voix relevant encore de l’extra- terrestre et pouvant être néfaste à votre libido. Vous me direz que pour le genre de destinée qu’en attend Lévy, on peut très bien dispenser le robot  de la parole ou la limiter tout simplement au seul mot « oui » à répétition : oui, oui, oui, ouiiiiiiiiiiiiii !

En conclusion, est-il vraiment nécessaire de poursuivre de telles recherches autour de ces robots soit disant amoureux puisque leurs prouesses restent aléatoires ? A mon humble avis, il serait plus raisonnable d’en rester à la bonne poupée gonflable traditionnelle qui a fait ses preuves en traversant de multiples générations. Pour faire taire tout de suite les bonnes âmes effarouchées, il n’est pas inutile de rappeler que le modèle allemand du milieu des années 1950, surnommé « Bild Lilly », est réputé pour avoir servi d'inspiration à Ruth Handler dans sa conception de la poupée Barbie. La « lovedoll » a évolué depuis bien sûr alors qu’elle n’était encore qu’une poupée de chiffon au temps de Quasimodo. Elle est passée dès la fin des années trente du stade artisanal au stade industriel . Sa peau de vinyl a laissé la place au latex et son  corps s’est alourdi au silicone. D’autres améliorations lui seront apportées , car on ne pourra museler la science. On s’intéresse paraît-il, si ce n’est déjà fait à l’espèce canine . D’un autre côté, les traditionalistes sauront bien donner une limite à leurs exigences et les plus conservateurs d’entre eux privilégieront sans doute la poupée qui ne cause pas : « Sois belle et tais toi ! »

Poupées japonaises ( Peut-être en soldes)