LA MORT À FÉLIX
Je me souviens du père Touchon, notre prof d’histoire au collège qui nous répétait souvent : « Si vous êtes sages, je vous raconterai la mort à Félix » Nous étions en classe de cinquième à l’époque et notre curiosité était fort attisée. La classe était pourtant très tranquille pendant son cours tant celui-ci était intéressant, mais nous n’avons jamais eu droit à ce récit si souvent promis . Avec mes camarades, je sus bien plus tard qui était Félix et de quoi il en retournait . Félix Faure né en 1841 fut président de la république entre 1895 et 1899 année de sa mort qui mit un terme prématurément à son septennat. Il avait pour habitude de recevoir en ses appartements de l’Elysée Marguerite Steinheil, épouse du peintre Adolphe , non pas pour jouer au scrabble mais plutôt pour des ébats fougueux. Ce fameux jour du 16 février 1899, il est avec Marguerite dans le salon bleu et soudain c’est le drame. Les domestiques entendent un coup de sonnette et accourent. Allongé sur un divan, le président râle tandis que Marguerite Steinheil rajuste ses vêtements en désordre. La France saura dans les jours qui suivent que son président est mort d’une congestion cérébrale suite à une gâterie prodiguée par Marguerite. Alors qu’on s’offrait avec ma classe de seconde un voyage de fin d’année à Paris, le cimetière du Père Lachaise était au programme de la visite . Quand nous sommes passés devant la tombe de Félix couverte par son gisant, le potache que j’étais n’a pu s’empêcher d’entonner à son intention : « ♫ Non, non, non, non, Félix Faure n’est pas mort ! Non, non, non, non, Félix Faure n’est pas mort ! Car il bande encore ♫ ! Car il bande encore.. ! » Mes camarades accompagnaient à tue-tête le joyeux luron et nous avons été finalement expulsés du cimetière par le conservateur. Les profs qui nous accompagnaient nous ont passé une grosse engueulée et nous ont menacé à la prochaine incartade de couper court au séjour .Ce jour là, les adultes manquèrent visiblement de discernement alors que nous avions su donner à cette visite le sens pédagogique qu’elle méritait.
Additif avisé et authentique de Yves :
Amicalement