C’EST PAS MOI C’EST MA SŒUR !
Je viens de finir le livre de Daniel Keyes « Les Mille vies de Billy Milligan » que m’a prêté Fanette. Publié aux Etats-Unis en 1981, il a été traduit pour la première fois en France en 2007. Il n’a pas été écrit pour décrocher le Prix Nobel de littérature mais plus modestement pour témoigner de ce que fut l’existence de William Stanley Milligan jusqu’à son arrestation par la police ne voyant en lui que le délinquant classique impliqué dans des histoires de viols sur des jeunes femmes rencontrées au hasard de sa route. Ils ne savent pas encore que ce n’est pas à un seul individu auquel ils vont devoir s’intéresser mais plutôt à une dizaine de personnalités différentes, voire même à une dizaine de plus que Billy abrite en lui . Ils vont avoir recours aux professionnels pour déceler l’inextricable et définir qui est qui et surtout qui est responsable de quoi. Le premier interrogatoire est différent du second et des centaines qui vont suivre car l’interlocuteur de Billy ne sait jamais vraiment qui il a en face de lui à moins qu’il y ait eu présentation. Est-ce Arthur, jeune Londonien de nature raffinée et cultivée ou Ragen le Yougoslave brutal et amateur d’armes à feu ? Est-ce Allen le combinard, l’escroc, ou est-ce Tommy le spécialiste de l’évasion qui se défait d’une camisole de force comme vous et moi nous défaisons d’une pantoufle ? A moins que ce soit Danny le trouillard ou Adalana la lesbienne timide et solitaire qui écrit des poèmes et fait la cuisine et le ménage pour les autres ? Il se peut que ce soit aussi Christine, une petite fille de 3 ans surnommée « la petite du coin » parce qu’à l’école, elle était habituée au piquet . Et il n’est pas impossible que les enquêteurs soient confrontés avec David, l’enfant de 8 ans, le gardien de la douleur, hypersensible, celui qui porte la croix pour tous les autres. Au début, beaucoup croient au simulacre mais tous finissent par adhérer à l’histoire de Billy. Les réponses et les émotions sont différentes selon le personnage qui se trouve sous le projecteur. On pourrait en rêver, vous ne pensez pas ? Posséder en nous des personnalités multiples ! Assumer ce qu’on fait de bien et se cacher quand un autre de nos habitants commet le mal. Et vous qui me lisez ? Ai-je à faire à la personne indulgente et pétrie d’amour ou suis-je en train de m’adresser au démon qui dort en vous ? Allez savoir !