ALLUMEZ LE FEU !

Cet été, ça s’est embrasé comme jamais, et c’est loin d’être fini. Il faut dire qu’avec le nombre d’incendiaires qui sévissent, ceci explique cela, et si on y ajoute les pyromanes, cela explique ceci. Et oui, si je mets le feu à ma voiture ou à ma maison pour tenter de toucher l’assurance, je suis un incendiaire, tandis que si je mets le feu à une pinède, après avoir été sous le coup du trouble de mon impulsion mal contrôlée, je suis un pyromane et la faute en incombe à la boite d’allumettes qui se trouvait dans ma poche. Maintenant, il n’est pas toujours aisé d’établir ce qui a motivé le « metteur de feu ». Tout récemment en Corse, une femme est allée se dénoncer aux gendarmes du coin pour avoir mis le feu à 5 hectares de terrain qui n’étaient pas débroussaillés. C’est avec un pétard lancé dans un bosquet qu’elle a mis le feu. Elle a expliqué aux autorités qu’elle voulait en faire sortir son chien récalcitrant. « Responsable, mais pas coupable » a dit son comité de soutien. « Givrée sur les bords » ou « fondue  entièrement » aurait-on pu dire aussi de cette incendiaire. ♫ la fille incendiaire, que l’on dit légère, et qui répond au nom de Lola…. Plus récemment encore, Août a démarré fort, et c’est côté Bretagne, à Quimperlé, qu’une allumeuse de feu a sévi. Sexagénaire comme la précédente (il semblerait qu’à cet âge, les femmes soient tout feu tout flammes) celle-ci mettait le feu aux poubelles et aux conteneurs. Elle a été surprise par un témoin à sa troisième mise à feu, et a été mise en garde à vue. Là-encore, juges et psychiatres devront s’entendre avant de la qualifier d’incendiaire ou de pyromane. De manière plus générale, que dire des jeteurs de mégots incandescents au milieu des épines de pin séchées par la saison torride, si ce n’est qu’ils sont complètement inconscients. Des irresponsables, diront certains, et en ce cas, il n’y a pas des kilomètres pour dire qu’ils ne sont coupables que de leur bêtise. Pas de quoi les poursuivre sur le plan légal, alors ? Le dossier devient de plus en plus chaud. Que dire du pompier allumeur de feu aussi ? Ici, le dossier se fait brûlant ! Imaginez un pompier reclus dans sa caserne qui ne voit jamais une flammèche de toute l’année, et j’en connais. Tout juste bon à aller ramasser un vagabond alcoolisé délirant et couché sur le trottoir et trempant dans son urine, ou mieux encore, appelé pour un chat qui n’ose plus descendre d’un arbre. Qu’est-ce qu’il se dit, le pompier, le soir en entrant au logis ? Il se dit qu’il n’est pas forcément entré dans la carrière pour ces petites interventions subalternes et il finit par aller déclencher lui-même la magie du feu. Pyromane ou incendiaire ? Imaginez-donc un chirurgien- dentiste qui ne soignerait que des caries et échapperait à tout ce qui fait son fric, comme les poses de prothèses ou d’implants. Chez les sapeurs, il faut aussi prendre en considération la pérennité d'une caserne sous employée par manque d'interventions et les pouvoirs publics auront tôt fait de leur sucrer les subventions, voire même de leur fermer la boutique, s'ils sont simplement cantonnés pour taper le carton. Il faut bien que quelques bonnes âmes se dévouent pour le collectif et partent en mission avec ce qu'il faut dans la poche.  Et j’en terminerai avec la Corse, cette terre étrangère, qui voit régulièrement s’embraser son maquis. Les pompiers là-bas poussent un gros coup de gueule et en appellent à la population pour plus de solidarité. C’est déjà positif que les habitants de l’île ne dénoncent pas d’emblée les touristes ou les migrants arrivés chez eux avec un nom et un accent qui détonnent. Rappelons qu’il était de tradition chez les bergers Corses d’incendier le maquis pour y faire repousser de la bonne herbe afin que les troupeaux pâturent sans restriction. Il y a dix ans de ça, on estimait que 40 % des incendies en Corse étaient d’origine pastorale. Qu’en est –il aujourd’hui ? Je laisse ce dossier sur le feu pour d’autres témoignages à venir d’où qu’ils viennent et j’en termine ci-dessous avec cette lettre incendiaire elle aussi de Napoléon Pommier datant d'août 1809 et adressée au préfet de l’époque. En ce temps là, l'île était déjà bien sulfureuse...