RENDEZ LEUR LE TROTTOIR!

Sans avoir jamais eu recours à leurs services, je dois dire cependant que j’ai toujours éprouvé du respect pour les putes, les vraies. Du respect, c’est peut être beaucoup dire mais disons que je ne les ai jamais méprisées. Celles qui tapinent près des gares de chemin de fer, celles qui rôdent parfois sur les aires de repos d’autoroute ou celles qui installent leurs caravanes sur les boulevards périphériques des grandes villes. Je me souviens en avoir croisé de ces gagneuses dans la rue Saint Denis de la capitale, arpentant le trottoir pavé ou faisant le pied de grue devant les allées obscures. Certaines finissant leur turbin vers les cinq heures du matin quand Paris s’éveille, et d’autres représentant la France qui se lève tôt les relayant au poste. Dures à l’effort, toujours aguicheuses entre deux retouches de rimmel et une tasse de café, elles en ont rendu des services ces dames de petite vertu comme on les appelle, et elles en rendront encore. Contre espèces sonnantes et trébuchantes bien sûr mais où est le problème? Croyez vous qu’on importune les shampouineuses qui vous épouillent la tignasse, les pédicures qui vous rognent les ongles ou les esthéticiennes qui vous épilent les poils du cul ?  Selon où l’on exerce son art, il y a toujours eu d’énormes disparités sur les taxes locales. Y a pas de justice en ce monde ! Récemment, le samedi 17 mars, plusieurs centaines de prostituées ont battu le pavé pour la seconde édition de la « Pute Pride ». Les travailleuses du sexe ont voulu avec leurs collègues mâles  dénoncer l’oppression qu’elles subissent quotidiennement depuis l’entrée en vigueur, il y a maintenant 4 ans, de la loi sur la sécurité intérieure qui pénalise le racolage passif . Les conséquences de cette politique sont toujours de les chasser et les clandestiniser, laissant la porte ouverte à tous les réseaux et proxénètes. Pendant ce temps là , les autres putes, femmes aussi, mais hommes le plus souvent,  celles que j’abhorre, sont encensées, glorifiées et se voient même parfois décerner la Légion d’Honneur. De tous les horizons, putes de la politique, de la presse, de la radio, de la télévision, du sport, du spectacle, du monde des affaires, de la justice, petits chefs mesquins du privé ou du public qui tueraient père et mère pour mieux s’exhiber et mieux enfoncer les plus faibles pour faire leur basse carrière . Ils sont fats, sans âme , félons, parjures, tricheurs, voleurs, magouilleurs, dépourvus d’honneur et tiennent pourtant le haut du pavé. Oui, regardez y bien à deux fois. ! Les putes au sens vil du mot ne sont pas celles que l’on croit !