PLAINTES ET CHUCHOTEMENTS

Anita : Et bien on aura eu notre compte de flotte !

Camomille : M’en parle pas ! J’suis toute humide de l’intérieur !

A : Bonne idée qu’elle a eu la patronne de mettre une brassée de cagette dans la cheminée. Ça nous a assaini l’atmosphère .

C : Qu’est-ce que tu en as pensé de cette niquedouille qui lui a tenu la jambe pendant une heure à lui raconter des balivernes ?

A : Giacotti qu’il s’appelle! Il habite le quartier. Il est ingénieur agronome et il donne dans l’écologie.

C : Quelle bedouille de prétendre que les français sont des enfants gâtés ! Y prend son cas pour une généralité ! Il dit qu’on paye pas l’essence assez cher et qu’il faudrait augmenter les taxes pour se préserver du futur.

A: A te trouer le croupion ! Il va jusqu’à dire que les transporteurs, les pêcheurs et tout le va son train doivent répercuter l’augmentation du prix de l’essence sur le consommateur qui ne doit pas moufter puisque c’est un privilégié.

C: Carrément débile!

A : Attention! Ce Giacotti dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Des gens qui sont bien à l’abri dans la vie et qui ne pensent pas avec le porte monnaie du pauvre. Tu n’as pas forcément le tram en bas de chez toi et le train, c’est pas donné !

C : Et puis on demande de plus en plus aux gens d’aller bosser loin de chez eux. Le transport leur coûte la peau des fesses !

A : Ça n’annonce rien de bon tout ça ! On finit par piper l’essence du voisin et s’enfuir des stations sans payer.

C : Tu m’étonnes! Ce monde véreux nous pousse au vice !

A: Tiens! J’ai entraperçu Tapie aux infos cette semaine. Je me demande à quel titre ce type là est invité dans un journal pour donner son avis sur tout et sur rien ! On vit une époque où ce sont les magouilleurs de tous poils qui viennent te faire la messe et te donner des leçons !

C: Laisse filer! On va pas se faire mal au ventre ! On donne déjà assez avec Elvis !

A : Oué! Tu l’as vu Elvis, aller se faire briller avec sa Barbie aux halles de Rungis?

C : Sur le coup des 5h du matin, probablement au sortir d’une boîte. Un peu comme ces fêtards qui au bout de la nuit vont se taper une soupe à l’oignon à l’heure où la France laborieuse se lève.

A : Ils ont évité tous les deux les rayons de poissonnerie. Ça craignait de ce côté là car on les attendait de pied ferme. Z’ont pas pu aller flatter la morue !

C : Y z’ont été mieux reçus du côté des courges ! Pendant que Barbie faisait le poireau, Elvis faisait son sketch. Ce type continue dans l’emboucane permanente après avoir bien sûr fait déblayer l’endroit de toute manif intempestive.

A: Voilà que Gilren se donne une nouvelle mascotte ! Beth Ditto qu’elle s’appelle ! Ça m’a l’air d’être encore un numéro celle là !

C: En tout cas, elle donne pas dans l’anneau Rexy ! Finalement je préfère avoir affaire à des filles comme ça qu’à l’autre corbaque de la place Vendôme.

A : Tu veux parler de Barbie Néra? D’une rare incompétence, cette femme là ! Ça nous prouve qu’en France point n’est besoin de se casser le cul à la tâche puisqu’on y arrive par le fait du prince. J’en veux pour preuve le merdeux de Neuilly, Arnaud Teulé qui a été nommé inspecteur d’académie à Paris . Il ne sortait même pas du rang.

 C : Cette affaire est carrément honteuse ! Il devait normalement passer un concours cet illettré ! Il est nommé haut fonctionnaire par décret présidentiel et va émarger à 5000 euros mensuels ! Et pour rien foutre en plus, car y connaît pas le boulot !

A : Pétouille! Tout ça pour le dédommager de son échec à Neuilly ! Comment veux-tu qu’on ait le respect ? Le guignol va finir par nommer sa Barbie à la culture !

C : C’est pour ça que le sport est bien utile aux gouvernants de ce pays ! Comme les Jeux du stade aux temps de l’empire romain. On va occuper le peuple d’abord avec l’Euro du foot. Ensuite on passera au tour de France et puis ce seront les JO. Les manants oublieront quelques temps leur misère avant le gaulage de noix de l’automne.

A: Faut dire qu’avec le temps qu’il a fait, les pétards de Mai se sont trempés. Tout le monde en rang, et chacun pour sa pomme !

C: Dis moi ? Ça va craindre des gigolettes de faire le marathon à Pékin. Pollué comme c’est, ça va tousser dans le peloton.

A : Sûr que les autochtones vont être avantagés. Des mois et des mois qu’ils s’entraînent dans les vapeurs de chloro-fluoro-carbones. A moins qu’on équipe tout le monde de masques à gaz ?

C : C’était chouette cette petite rencontre entre voisins hier soir autour de la maison ! La patronne avait préparé des cakes salés et sucrés et puis surtout une énorme sangria !

A : Elle a pu faire ainsi connaissance avec les riverains. C’est toujours pareil ! Tu as toutes sortes de clampins dans ces assemblées organisées.

C : Moi, celui qui m’a plu, c’est l’original de l’étage du dessus. Il est arrivé guindé dans son costume à carreaux et dans ses charentaises. Très english aux entournures.

A: Il a pas craché sur la sangria après s’être envoyé une dizaine de pastis. En parlant à Maman de Longeville, il glissait sa main sous son bustier et lui flattait sa chute dorsale ! Drôle de bonhomme ! J’te lui aurais refilé une mandale à cet importun !

C: Y a pas de mal à ça! Le plus ennuyeux, c’est qu’il postillonnait sur les p’tits fours !

A : Et puis, je sais pas si t’as entendu ! Vers les onze heures, il y a eu comme un bruit au plafond. Un peu comme une masse qui s’écroule sur le plancher.

C : Je veux ma nièce que j’ai entendu ! Le gugusse a dû carrément se coucher à côté du lit, bourré comme il était !

A : Finalement, ces apparts ont beau être du standing on entend tout ce qui passe chez les autres ! Le gugusse, Ferdinand qu’il s’appelle se lève trois fois la nuit pour pisser !

C : C’est vrai qu’il pourrait s’abstenir de tirer la chasse ! Pourquoi y pisserait pas dans un pot de chambre au lieu de réveiller toute la galerie. C’est tout de même pas la fête des voisins tous les jours.

A: Y a eu aussi ces trois ou quatre pingouins qui se sont débinés vers les neuf heures pour ne pas manquer le match de foot !

C : Des simplets ! C’aura permis à leurs femmes de faire connaissance! La patronne a fait sensation comme d’habitude. Avec sa classe, sa simplicité et son érudition elle en impose d’emblée. Chacun cherchait à converser avec elle.

A: Elle a pourtant éclusé un max mais les mocassins étaient stables au sol. Quelle endurance !

C: Et puis encore une fois, riche idée qu’elle a eu de nous laisser à la fenêtre aux premières loges ! On n’a rien perdu des agapes !

A: J’espère tout de même que cette convivialité qui est née entre tout ce p’tit monde va perdurer ! Que dans le reste de l’année, les gens se reconnaîtront quand ils se croisent. Je me méfie tellement de ces fêtes d’un jour. Celle des mères, des grand-mères, des pères, des femmes, des secrétaires, du vélo, des écoles, des fleurs ou du boudin dans certains villages de campagne.

C: En parlant de  boudin, on a oublié de parler de Nadine Morano, Pugelle de son nom de jeune fille.

A: Pugelle? A une consonne près, elle aurait été mal placée pour s’occuper de la famille !

C: La pauvre! Deux lignes sur elle, c’est déjà beaucoup trop ! Avec Arachida Tadi, elle pourrait faire le double dames de Roland Craignos ! On y rajouterait la Suisse Mauresmo et ça te ferait la triplette des bedouilles!

A: Bon! Il faudrait songer à dormir avant la première chasse d’eau de Ferdinand.

C : T’as raison! Ce s’ra toujours ça de pris ! Bonne nuit ma Nini !

A : Bonne nuit ma Caca ! Fais de beaux rêves !