FRISSONS GARANTIS

Le château de Dracula est à vendre ! Amis lecteurs, vous connaissez mon appétence pour les projets immobiliers qui en jettent et vous vous doutez bien que celui-ci va me pomper toute mon énergie et probablement mon sang en l’occurrence. D’ordinaire, comme pour Cave Cay ou autres convoitises pour des lieux idylliques racontées ici, on nous annonce le prix, mais pour ce qui est de la demeure du vampire situé à Bran en Transylvanie, mystère et boule d’hémoglobine ! Y- va me falloir prendre contact avec le cabinet new-yorkais Herzfeld & Rubin ce qui d’avance, me ronge les sangs. Ces gens de l’immobilier haut de gamme ont un tel mépris pour les roturiers dont je suis, qu’il va me falloir encore jouer par téléphone au type friqué à qui on ne la fait pas. Surtout ne pas aller leur demander d’un ton smicardesque : « Et c’est combien ? » comme si on contactait un quidam qui a mis en vente sur Ebay une paire de pneus ou un sommier à lattes. Le prix, il faut qu’il arrive alors qu’on ne l’a pas demandé, comme si ce n’était que subsidiaire. Pour info, sachez tout de même que la famille Habsbourg a vendu le château en 2009 pour la coquette somme de 60 millions d’euros et il se murmure que le prix pourrait être trois fois moins cher. Vous voyez bien que je n’ai pas la folie des grandeurs. Mais laissons de côté ces contingences pour que je vous livre plutôt mes intentions. A l’heure où j’écris, le château est bien sûr en activité et il reçoit de nombreux touristes, mais une fois la visite terminée, tout le monde rentre à la maison ou à sa chambre d’hôtel sans que ça les ait bousculés plus que ça. Quand j’en aurai les clés, je m’en vais te vampiriser les lieux comme jamais et en faire un hôtel de tous les diables, d’où les pensionnaires en repartiront sanguinolents. Je vais faire revivre le héros de Stoker plus vrai que nature. Je ne vais pas tout vous dévoiler bien sûr, pour protéger mon exclusivité mais sachez que je ne vais pas lésiner sur le mordant et le suçotant. Que les clients soient dans la suite Rhésus positive ou négative, les petites visites que mon personnel va leur faire durant la nuit va leur chahuter leur taux d’hématocrite pour l’éternité. Et je ne vous ai pas parlé du p’tit dej ! Ce sera rouge sur les tartines, mais n’allez surtout pas penser à de la fraise ou de la framboise. Il y aura des nuits spéciales quand la lune voudra bien être de la partie et les loups viendront gratter au bas des remparts. Mais j’arrête ici car j’imagine que pas mal de concurrents potentiels écoutent aux portes. Quand je vais exposer mon projet à ces vampires de chez Herzfeld & Rubin, ils vont tellement en être sur le cul qu’ils vont casser leur prix pour moi. Et comme dab, si je rafle la mise, et que vous passez du côté de Bran, l’été prochain dites bien à la réception que vous venez de la part de Gilren pour qu’on vous concocte un séjour aux petits oignons.