QUAND LE MOINE TOMBE LA BURE
Quand cet habitant de Warhem (Nord) a reçu les photos d’un moine dans toute sa nudité, il a tout de suite reconnu ce frère chrétien avec qui il s’était lié d’amitié au cours de diverses messes, hautes ou basses, selon les circonstances. Difficile de ne pas le reconnaître, d’ailleurs, car il était mal rasé comme d’habitude avec la cravate de travers. Et qu’est-ce qu’il fait ce lâche, ce traître, ce ladre, au lieu de remercier son frère pour sa marque d’amour, et bien il le dénonce au diocèse et joins même les clichés de l’exhibition de chair. Vous pensez bien que l’évêque a dû en être tout émoustillé retourné ! Hératicus que ce gugusse ! Certaines langues, mieux pendues que les autres prétendent que le plaignant jouant les oies blanches aurait agi par jalousie à l’égard du moine qui lui aurait refusé lors d’une rencontre la génuflexion. Du coup, le moine exhibitionniste a subi la peine d’exclaustration, moins douloureuse il faut le dire que la peine de castration. L’exclaustration est tout simplement la mise à la porte du monastère, un défroquage contraint, je dirais pour ma part, bien que celui-ci n’avait pas lieu d’être puisque le pauvre homme avait déjà le cul à l’air. Moi ce que j’en dis, c’est que dès lors qu’on admet que l’habit ne fait pas le moine, qu’on le porte ou qu’on ne le porte pas, ça n’a aucune importance, et que des goûts et des couleurs entre adultes consentants, il ne faut pas discuter. ( De gustibus et coloribus, non disputandum.) Et comme aurait pu le dire Enrico, notre grand poète contemporain, dans le Nord, les moines ont sous la bure quelque chose qui manque à son décor.